George Washington Papers

To George Washington from Jean-Baptiste de Ternant, 28 November 1778

From Jean-Baptiste de Ternant

Camp, sur les bords de la riviere Ogoheeche1
28 Novembre 1778

Mon cher General

Malgré tous mes efforts et ma diligence Je n’ai pu me rendre à Charles-town que le 18 de ce mois—J’avois à peine commencé à me familiariser avec les importants du pays, et à songer Serieusement aux travaux de ma mission, lorsqu’on recut la nouvelle de l’Invasion de la Georgie par une partie des troupes de la floride sous les ordres des Col:s Presvot & Fuser2—Nous partimes la même nuit avec le General Howe pour nous rendre à grandes journées à l’endroit où le danger paroissoit le plus imminent, et nous arrivames hier matin au camp americain formé et retranché à la tete d’un défilé, où on se proposoit d’arreter les mouvements de l’ennemi—Nous apprimes le même jour que les Anglois se retiroient, et cette nouvelle se confirmant ce matin, je profite d’un moment de loisir, pour vous donner une Idée de notre sitation et de la politique civile et militaire des Georgiens &c. C’est toujours celle des Americains, mon cher General, et vous connoissez déja leur maniere de guerroyer dans le nord; mais dans ces contrées meridionales, on l’emporte de beaucoup en négligences, lenteur, confusion &c. si vous ouvrez votre Atlas vous y verrez que la riviere savannha forme la frontiere de cet etat du Coté de la Caroline, que sur cette riviere se trouvent la capitale et à 150 milles plus loin dans les terres, le fort Augusta;3 que la riviere ste Marie forme la ligne de démarcation sur la frontiere ennemie 4 et qu’entre ces deux frontieres coulent une demie douzaine de rivieres assez considerables pour y arreter l’ennemi en y formant les postes necessaires—depuis le commencement de la guerre de l’Independance, les floridiens n’ont cessé de faire des Incursions dans cet etat et de retrecir annuellement ses limites. Ils S’etoient enfin emparés de tout ce qui est au sud ouest de la riviere Altamaha,5 y avoient établi des postes, et menacoient de là, le reste de la Georgie d’une invasion certaine; lorsque, l’été dernier, le General howe avec les troupes continentales, et le Gouverneur de cet Etat avec ses milices, sans aucune preparation, se portoient sur l’ennemi, lui en imposerent, je ne sais comment, et le forcerent ou pour mieux dire le déciderent à se replier de poste en poste jusqu’à la frontiere primitive6—l’inclémence et l’insalubrité de ces climats dans les chaleurs caniculaires, les disputes aussi véhémentes que minutieuses sur le Commandemt suprême entre le Jurisconsulte houston, Gouverneur de la Georgie, et le General howe, la négligence la lenteur et l’esprit d’indecision qui caracterise les americains furent plus fatales à ces deux armées inimico-alliées que <ne> l’ont eté le feu ou le fer de l’ennemi—après s’etre avancé jusqu’à la riviere Ste Marie, avoir éprouvé tous les miseres, et les horreurs domestiques de la guerre, et avoir perdu la moitie de leur monde sans tirer, un coup de canon, ils furent obligés de se retirer et d’abandonner de rechef à l’ennemi tout ce qu’il possedait déja de l’autre coté de la riviere Altamaha—après, cette expedition sans fruit <et> sans objet certain; tout sembloit indiquer la necessité d’etablir des lignes et des postes sur cette riviere, d’en occuper l’embouchure avec les Galeres de l’etat, et enfin de concentrer à cette barriere naturelle tous les objets de defense possible, pour se mettre à l’abri des nouvelles entreprises de l’ennemi; on y etoit d’autant plus interessé, que les provinces les plus fertiles de cet etat se trouvoient entre l’Altamaha et la riviere Ogoheechee et qu’il importait infiniment de les couvrir—mais les puissants du pays, portant perruques et uniformes <o>n deciderent autrement: sous pretexte de se defendre contre les sauvages, on dégarnit la frontiere de l’Altamaha, et on laissa le pays absolument ouvert aux depredations du moindre avanturier; et pour ne laisser aux floridiens aucun objet de crainte on cantonna le peu de troupes reglés qui restoient à l’etat, dans la ville de savannha, et à Augusta, les Galeres vinrent egalement se pourrir dans la riviere savannha, et tout resta dans l’engourdissement, relativement à la securité de l’etat. l’ennemi profita de ce moment favorable, et le 18 de ce mois dans la seule saison favorable aux operations de la guerre, apres une recolte des plus abondantes, renouvella son attaque avec trois cent chevaux de milices et 600 hommes de troupes reglées; rien ne s’opposant à la rapidité de ses mouvements, Il s’empara la ville de sunbury, bloqua le fort, se repandit dans la campagne, brulant les maisons les greniers, rassembla de nombreux troupeaux qu’il envoya vers la floride, et enfin s’avanca, en 5 jours jusqu’à la riviere Ogoheechee qui n’est qu’à 15 milles de sa Capitale;7 après des succès aussi grands, on est assez embarassé d’imaginer quel peut etre le sujet de leur retraite, et encore plus quel pouroit etre l’objet de leur Expedition; s’ils n’avoient en vue que de fourager, ils s’en sont on ne peut pas mieux acquitté; quoiqu’il en soit, nous n’avons à leur opposer actuellement dans ce camp que 150 hommes tout au plus, sans l’espoir de recevoir le moindre renfort avant sept à huit jours—Nos renforts viennent d’Augusta et de la Caroline qui n’a pas elle même plus de 12 a 1400 hommes pour la defense de ses cotes; de sorte que toutes nos ressources épuisées nous ne pouvons rassembler dans notre camp que 5 à 600 hommes—or jugez mon cher General, de l’Importance de mon Inspection, et de la securité precaire de l’etat de la Georgie au cas que l’ennemi songe serieusement à s’en emparer—Je suis obligé mon cher General, bien à mon regret, d’interrompre cette conversation <muette> avec vous, pour aller en reconnoissance par les ordres d<u> General—il paroit avoir beaucoup de confiance en moi; et je m’efforcerai plus que jamais d’etre utile—Aussitot que les <illegible> troupes se trouveront un peu rassemblées je leur donnerai une organization militaire d’aprés vos principes, et aurai l’honneur de vous en rendre compte—Je vous ai ecrit pendant ma maladie en Virginie, et ai remis la lettre à un offi cier qui se proposoit de partir pou<r> le camp sous peu de jours8—Jai songé bien souvent à vous durant mon voyage, et J’ai eprouvé puissamment la douleur d’en etre si eloigné; mais je <m>e console pa<r> l’espoir de vous revoir l’été prochain et de recevoir d’ici à ce tems quelques lettres de vous—puissiez vous, mon cher General ne point m’oublier, et puissé-je de mon coté, trouver quelques occasions de vous prouver le respectueux attachement et l’amitié que je ressens pour vous—Il me tarde bien d’apprendre ce que vous faite à la Grande armée, et où en sont les affaires de l’Inspection—Je m’occupe dans mes moments de loisir à mettre la derniere main a mon Journal de la campagne dérniere, depuis le mois de Mars jusqu’au 1er d’octôbre, et à en faire un nouveau pour ma campagne future du sud—Adieu, Mon cher General, ayez soin de votre santé, faites moi part de vos chagrins et de vos plaisirs; je serai toujours disposé à partager les uns et à me livrer sans reserve, à la jouissance des autres, mes occupations, ma mauvaise santé, et les troubles du tems m’agitent tellement, que je n’ai encore pu trouver le moment de d’écrire personne qu’à vous; excusez moi je vous prie auprès de mon ami M. Laurens, dites lui, bien des choses agreables pour moi, et assure<z> le que je ne manquerai pas de lui ecrire par la premiere occasion—faites aussi je vous en supplie, mes compliments, non pas de ceremonies, mais d’attachement réel à Mr des Epiniers, du Ruceau,9 de l’enfant et Walker—pardon mon General, si j’exige tant de choses de vous, Je connois votre bon coeur, et combien vous aimez à encourager la pratique des vertus sociales. J’ai lhonneur d’etre avec respect Mon cher General Votre tres humble serviteur

Ternant

ALS, NHi: Steuben Papers.

1The Ogeechee River in northeast Georgia flows southeast, roughly parallel to the Savannah River, and enters the Atlantic Ocean at Ossabaw Sound, about ten miles south of the city of Savannah.

2Gen. Augustine Prevost, the British commander at St. Augustine, Fla., sent two detachments into southeastern Georgia in mid-November, one under his brother Lt. Col. James Marcus Prevost and the other under Lt. Col. Lewis V. Fuser. Lt. Col. Fuser moved north along the coast, while Lt. Col. Prevost marched inland via Midway Meeting House. Their intention was to meet at Sunbury and launch a concerted attack on the American fort at that place (dubbed Fort Morris after the British left); they would then await the arrival of an expeditionary force under Lt. Col. Archibald Campbell and launch a concerted attack on Savannah itself (see Benjamin Lincoln to GW, 5–6 Jan. 1779). After defeating a small American force at the meetinghouse and ravaging the countryside, however, Prevost withdrew in the mistaken belief that he was about to be cut off by a larger force. That left Lt. Col. Fuser alone in front of the fort at Sunbury, where he arrived on 24–25 Nov., and after a halfhearted attempt to persuade the garrison’s commander to surrender, he followed Prevost back to Florida.

James Marcus Prevost (1736–1781) commanded the British 60th Regiment of Foot. He was appointed lieutenant governor of Georgia in March 1779 after the British capture of Savannah, and was reassigned in 1781 to Jamaica, where he died from the aftereffects of old war wounds. His widow, New Jersey native Theodosia Bartow Prevost (d. 1794), married Aaron Burr in July 1782.

3Fort Augusta was built in 1736 at what is now Augusta, Ga., on the Savannah River.

4The St. Marys River has its headwaters in the Okefenokee Swamp in Georgia and forms the boundary between southeastern Georgia and northeastern Florida, entering the Atlantic Ocean near the city of St. Marys, Georgia.

5The Altamaha River flows southeast and enters the Atlantic Ocean near Darien, Ga., about fifty-five miles south of Savannah.

6A combined expedition of 2,000 American troops, including Continentals under Maj. Gen. Robert Howe, Georgia militia under Governor John Houstoun, and South Carolina militia under Col. Andrew Williamson, drove a few hundred Loyalists out of northeastern Florida in June–July 1778, but accomplished little else (see Coleman, The American Revolution in Georgia description begins Kenneth Coleman. The American Revolution in Georgia, 1763-1789. Athens, Ga., 1958. description ends , 107–8).

Houstoun (c.1750–1796), a patriotic Savannah lawyer, served as a delegate to the Continental Congress in the fall of 1775, joined the Georgia executive council in May 1777, and was elected governor of the state in January 1778. Houstoun’s inability to get along with Howe fatally weakened Georgia’s defenses and contributed to the British capture of Savannah in December 1778, following which Houstoun fled to Augusta and eventually to Charleston, S.C. His term as governor having meanwhile expired, Houstoun was elected a delegate to the Continental Congress in August 1779 but did not take his seat; he served in the Georgia House of Assembly in 1782–83 and served a second term as governor from 1784–89. He subsequently applied to GW for a federal judgeship but was denied, and after a brief stint as mayor of Savannah he served on a committee to welcome GW to that city in 1791.

7See note 2.

8Ternant’s last known letter to GW was dated 29 Sept. at Philadelphia; no letter written from Virginia has been found.

9Pierre, chevalier Du Rousseau de Fayolle (1746–1780), accompanied his friend Lafayette to America in March 1777 and returned with him to France in November 1778.

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